The Rise and Rise of Co-working

The Rise and Rise of Co-working

Texte JAMIE MITCHELL / Illustration VIOLA HEYN-JOHNSEN | Tagged

Avec des noms comme Second Home, The Trampery et Camden Collective, des centaines d’espaces de coworking ont émergé en ville ces dernières années. Même Soho House, le bastion du club privé, a récemment annoncé qu’il allait ouvrir plusieurs espaces de coworking dans le monde, sous la marque Homework.

Avec des membres divers comme des start-ups, des travailleurs indépendants, des microentreprises et des télétravailleurs, le coworking est un modèle commun d’espaces de travail partagés, avec des tarifs quotidiens ou mensuels flexibles. Mais le coworking n’est-il qu’un phénomène temporaire, lié à l’essor des start-ups technologiques, ou est-ce une tendance à long terme de modèles de travail changeants, avec des répercussions aussi bien sur les petites que les grandes entreprises ?

Le terme coworking a été utilisé pour la première fois en 2005 afin de décrire un petit groupe de bureaux partagés appelé The Hat Factory à San Francisco. Le grand boom du coworking à Londres a été amorcé par le lancement de Campus London en 2012 par Google, dans le cadre de l’initiative Tech City, soutenue par le gouvernement. Avec des origines dans le secteur de la technologie, il n’est pas surprenant que 50 % des espaces de coworking à Londres soient dédiées aux services technologiques et numériques.

Afin de comprendre l’essor du coworking, il faut jeter un œil à l’aspect économique. Si vous êtes une entreprise jeune et ambitieuse, alors la signature d’un bail longue durée pour un bureau est généralement une mauvaise décision. Non seulement cela peut limiter votre croissance, mais la pression de devoir payer un loyer peut limiter la capacité d’un fondateur à renoncer à des rentrées d’argent rapides et de changer de cap.

Même si vous avez envie de louer un espace permanent, l’industrie immobilière fera de son mieux pour vous décourager : il vous sera demandé trois ans de comptes d’entreprises (dont vous ne disposerez probablement pas) et d’énormes garanties de location (que vous ne pouvez pas payer). Et en plus de tout cela, vous paierez quand même probablement plus que dans un espace de coworking. D’après l’entreprise de consultation immobilière DTZ, le coût moyen par poste de travail dans des bureaux traditionnels dans le West End de Londres est d’environ 1 350 £ par mois (et environ 800 £ dans la City), tandis qu’un bureau dans un espace de coworking coûte généralement entre 300 £ et 700 £, et surtout, les baux sont flexibles.

McCann Office New York

Réception de McCann New York par le Design Research Studio de Tom Dixon.

Même s’il est convaincant, l’aspect économique constitue rarement l’attrait principal d’un espace de coworking. Au contraire, ses membres voient une valeur et une productivité considérables dans la communauté ; en tant que start-up ou travailleur indépendant, vous disposez d’un accès direct à des collègues avec qui partager vos hauts (et vos bas), à qui vous pouvez demander conseil et avec qui partager des idées : un atout considérable par rapport à l’isolement lorsque vous travaillez chez vous ou depuis un Starbucks.

Pour de nombreux membres, la communauté est une source de collaboration et d’innovation. De nombreux acteurs du marché, comme Second Home, organisent régulièrement des événements pour divertir et éduquer leurs membres, et promouvoir un réseau social précieux qui justifie et permet de maintenir des frais d’adhésion supérieurs au cours du marché. Simon Pitkeathley, PDG de l’espace de coworking Camden Collective, estime que de nombreux nouveaux opérateurs comprennent mal le marché. « Il y a des opérateurs qui disposent d’un seul site qui ont surpayé leurs espaces, n’ont pas réuni une communauté suffisante et n’ont pas la dimension suffisante pour faire occuper constamment leurs espaces. Ce sont eux qui seront les premières victimes si le marché se tasse, ou si l’offre commence à dépasser la demande. »

Et qu’en est-il de cette demande ? En 2014, le Royaume-Uni comptait 4,2 millions de travailleurs à domicile, 1,3 million de plus que 15 ans auparavant. 96 % des entreprises au Royaume-Uni sont en fait des microentreprises (moins de cinq employés) et Oxford Economics prévoit que le travail indépendant, autour duquel planait autrefois une mauvaise réputation, augmentera de 15 % lors de la prochaine décennie, avec cinq millions de nouveaux travailleurs dans ce secteur. L’augmentation après la récession du travail indépendant, caractéristique des périodes de crise, semble être permanente et en croissance.

Ces tendances sont également générationnelles. L’étude NextGen 2013 de PWC montre à quel point la génération Y veut plus de flexibilité en matière de travail : 64 % souhaite travailler depuis son domicile un jour par semaine et 66 % souhaite changer ses horaires de travail. En plus de cela, l’opinion des jeunes sur l’entrepreneuriat comme choix de carrière a radicalement changé. 58 % des 18-30 ans déclarent qu’ils souhaitent créer leur propre entreprise (par rapport à moins de 30 % pour le reste de la population). 90 % des universités du Royaume-Uni disposent d’un club d’entrepreneuriat actif, tandis que les écoles et les établissements d’enseignement secondaire intègrent l’entreprise au cœur de leurs programmes.

Comparez cela à la situation il y a 20 ou 30 ans, où l’enfant qui déclarait vouloir être un entrepreneur ou un travailleur indépendant était considéré comme excentrique, marginal ou une âme en peine. Aujourd’hui, ils sont les mâles et les femelles alpha : ils aspirent au succès, mais ils veulent également de la flexibilité et de l’autonomie au travail, et le coworking leur proposera une infrastructure solide. Alors que peuvent apprendre les entreprises traditionnelles de ce concept innovant ? Ryan Mullenix, associé de design chez NBBJ, voit les « espaces de coworking davantage comme une évolution de notre manière de travailler, ou comment nous souhaitons travailler, plutôt qu’un phénomène temporaire ou une tendance. » Il poursuit : « Les espaces de coworking essaient de reproduire une expérience difficile à retranscrire et qui est recherchée dans la plupart des lieux de travail : un endroit de connectivité sociale, d’opinions diverses et de choix personnel. Nous ne devons plus nous poser la question de bureaux ouverts ou fermés, mais plutôt nous concentrer sur la manière de créer les comportements souhaités qui encouragent la culture souhaitée. »

McCann Conference room by Tom Dixon

Bureau de McCann New York par le Design Research Studio de Tom Dixon.

Neil Usher, Directeur de bureau chez Sky, est d’accord et argumente que les plus grandes organisations doivent « adopter l’état d’esprit coworking » s’ils veulent garder leurs employés. « Les espaces de coworking sont une entreprise commerciale risquée : ils doivent persuader les personnes de dépenser leur propre argent, ils sont donc très centrés sur le consommateur. Ils excellent dans les espaces de travail collaboratifs et sociaux, avec une esthétique chaleureuse, résidentielle et captivante. Les plus grandes organisations commencent à comprendre l’efficacité de ce modèle. Lorsque les employés disposent de plus en plus d’options pour leur lieu de travail, ils doivent faire de leur espace de travail l’option la plus convaincante. »

Par conséquent, de nombreuses organisations adoptent certains des concepts de design principaux du coworking. De nombreuses entreprises qui cherchent à stimuler la créativité créent de nouveaux espaces de collaboration au sein de leurs bureaux, avec un ratio qui tend à se rapprocher du 1 pour 1 dans certains lieux de travail.

D’autres entreprises placent les employés au hasard dans le bureau et les déplacent tous les trois mois. Le Camden Council a complètement adopté le modèle de design coworking dans leur bureau de King’s Cross : personne n’a son propre bureau, juste un casier où stocker ses affaires et un ordinateur portable pour travailler. Plutôt que la simple fête de Noël, de nombreuses entreprises cherchent à développer et à améliorer leurs valeurs et leurs communautés grâce à l’organisation régulière d’activités, d’événements, de présentations inspirantes et d’autres expériences partagées. Et comme le signale Ryan Mullenix : « De nombreuses entreprises se rendent compte que l’exposition à de nouvelles façons de penser stimule la production d’idées. » Google et Menlo Innovations, par exemple, ont toutes deux intégré des espaces de coworking pour les entrepreneurs et les travailleurs indépendants au sein de leurs propres bureaux, dans l’espoir que le partage d’espace de travail avec des start-ups créatives stimulera la collaboration et l’innovation dans leur propre activité.

À mesure que les designers de bureau deviennent de plus en plus créatifs, en adoptant des principes de coworking, les entreprises devront se montrer encore plus innovantes dans leur organisation et leurs activités. Le plus grand défi, et peut-être la plus grande opportunité, est de reproduire l’autonomie dont jouissent les membres d’une communauté de coworking. Pour le travailleur indépendant, l’entrepreneur ou le propriétaire d’une microentreprise, avoir le contrôle de son lieu de travail et de ses horaires de travail constitue un avantage fondamental de leur choix de carrière.

Nous constatons donc l’utilisation croissante de contrats flexibles et d’activités flexibles, au sein des entreprises les plus avant-gardistes : certaines laissent même leurs employés choisir leur nombre de jours de congés. Le coworking est bien plus qu’un simple agencement de bureaux innovant. Il s’agit de liberté, de motivation et d’autonomie, et cela constitue la meilleure opportunité pour les entreprises qui cherchent à s’inspirer du concept de coworking.

Rendre l’emploi aussi gratifiant que le travail indépendant, rendre le travail au sein d’une entreprise aussi passionnant et motivant que de gérer votre propre entreprise et créer une communauté de personnes passionnées, qui partagent les mêmes idées et qui souhaitent soutenir et apprendre de leurs collègues.

Notre dernier environnement de coworking sera dévoilé le 19 mai 2016 à Interchange, Camden, Londres, Royaume-Uni.