Liberty meets Tom Dixon

Liberty meets Tom Dixon

Entretien avec Liberty London

Passer du temps à la maison, c’est un des plaisirs de la vie. Alors, il n’y a pas de plus beau cadeau que de créer un environnement raffiné aux multiples facettes où l’on puisse à la fois travailler et se détendre. Des accessoires et produits quotidiens d’une conception élégante peuvent transformer la banalité des tâches ménagères en un véritable délice. C’est pourquoi le célèbre designer britannique Tom Dixon vient de lancer sa nouvelle gamme WASH, incluant liquide vaisselle, savons liquides et baumes pour les mains. À cette occasion, ainsi que pour marquer l’ouverture de sa toute nouvelle section éphémère qui réunit avec soin une collection de meubles, luminaires et accessoires au 4e étage du magasin Liberty London, nous avons parlé avec le designer industriel autodidacte au sujet de la vie, du travail et de l’évasion.

Tom Dixon 4th Floor at Liberty London

QUAND VOUS ÊTES EN QUÊTE D’INSPIRATION OU D’ÉVASION À LONDRES, OÙ ALLEZ-VOUS ET POURQUOI ?
La Tamise. Le panorama aquatique et original entre le château de Hampton Court et la barrière de la Tamise donne amplement l’opportunité de s’évader du paysage urbain enclavé. Cette rivière a façonné l’histoire de Londres.


QUELLE STRUCTURE OU QUEL ÉLÉMENT HISTORIQUE D’ARCHITECTURE VOUS FAIT VIBRER ?
Vous vous attendez sans doute à ce que je vous parle d’un bâtiment. Mais en réalité, c’est le Grand Union Canal qui est empli de symbolisme à mes yeux : pour son rôle de vecteur en matière de commerce et d’industrie, et d’artère en matière d’importations et d’exportations. Je peux le voir depuis la fenêtre de mon studio dans West London, mais il s’étend de Camden Lock jusqu’à Birmingham. C’est une structure incroyable, une toile de fond victorienne repensée pour devenir un plaisir entièrement nouveau. Énormément de gens y vivent aussi, maintenant que Londres est devenue si chère. C’est intéressant de voir comment il évolue.

PARMI VOTRE GAMME À LIBERTY, QU’EST-CE QUI VOUS REPRÉSENTE LE MIEUX, VOUS ET LA MARQUE TOM DIXON, ET POURQUOI ?
Je dirais la bougie Oil, avec sa touche très artisanale et sa finition irisée sur un récipient de verre. Elle aurait très bien pu exister au temps des débuts de Liberty.


POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER COMMENT EST NÉE VOTRE NOUVELLE GAMME WASH ?
Voilà bien longtemps que j’essaye secrètement de mettre au point un liquide vaisselle, peut-être 15 ans. Mais il a d’abord fallu que je développe toute une marque d’accessoires de maison pour qu’on y prête attention. J’estime que c’est une corvée de faire la vaisselle, mais aussi parfois une activité sociale et collective. Et la cuisine est sans aucun doute l’une des pièces de la maison liées au plaisir. Le liquide vaisselle n’a pas rattrapé son retard par rapport aux transformations de ces dernières années qui ont touché les activités culinaires et les cuisines. Le savon liquide pour les mains, lui, est simplement une réaction à l’opportunité qui s’offre à nous pendant la conception de restaurants et d’hôtels. Et nous tenions à ce que chaque point de contact avec le client soit touché, y compris l’humble rituel du lavage des mains.

Suspensions Curve à Liberty London


RACONTEZ-NOUS UNE HISTOIRE SUR LIBERTY.
La femme de Paul Smith, Pauline, lui a un jour demandé qu’il se débarrasse de son énorme surplus de vêtements qui encombrait sa garde-robe à la maison. Je travaillais sur une exposition du Design Museum qui mettait à l’honneur les 25 ans de carrière de Paul Smith à l’époque. J’ai intercepté l’un de ces sacs-poubelles remplis de vêtements. Et par chance, Paul et moi faisons la même taille. De ce butin, la seule chose qui me reste encore est une chemise imprimée Liberty extrêmement colorée (probablement une collection ?). Aujourd’hui, environ 15 ans plus tard, elle reste ma chemise préférée, malgré un col usé et tout.


QUEL A ÉTÉ LE PREMIER VÉRITABLE OBJET DE DESIGN QUE VOUS AVEZ ACHETÉ ?
J’ai acheté beaucoup de choses vintage. Mais ce sont surtout les objets des années 70 que j’aime particulièrement. Il y a plusieurs années, j’ai acheté la chaise Joe Colombo Elda qui a un superbe revêtement de panneaux en cuir sur une coque en fibre de verre. Je l’adore toujours autant. Elle pivote et elle vous donne l’impression d’être le méchant dans un James Bond, tout en étant l’endroit tranquille idéal pour se pelotonner. C’est aussi un super support de téléphone portable.

QU’EST-CE QUI VOUS MOTIVE À SORTIR DU LIT LE MATIN ?
La perspective d’une journée différente de celle d’hier, avec des aventures et des opportunités inédites, et de nouveaux défis. J’ai la chance de m’être façonné un travail qui me permet d’être parfumeur ou marchand, designer ou fabriquant, commerçant ou restaurateur, en fonction de la saison.


POUVEZ-VOUS DÉCRIRE VOTRE TENUE DE TRAVAIL QUOTIDIENNE ?
Quelque chose qu’on m’a prêté, quelque chose de bleu, quelque chose de britannique et des chaussures de bonne qualité.

À PART LE DESIGN ET VOS VOYAGES LIÉS À VOS ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES AUTOUR DU DESIGN, QU’AIMEZ-VOUS FAIRE ?
Je ne m’accorde plus vraiment de temps de détente, sinon je m’endormirais. Je préfère faire quelque chose, fabriquer quelque chose, réparer quelque chose, cuisiner quelque chose et manger. En fait, je cuisine parfois dans mon restaurant, Dock Kitchen, qui se trouve à côté de mon studio et de ma boutique de Ladbroke Grove. De temps en temps, j’y suis commis de cuisine (principalement pour les entrées froides et les desserts). C’est une cuisine ouverte, mais généralement les gens dans le restaurant ne réalisent pas que c’est moi. Ça me donne une meilleure compréhension sur beaucoup de choses, comme faire partie d’une équipe et contribuer à ce que tout se déroule sans accroc, parce que le travail dans un restaurant implique d’unir ses forces, de respecter un timing précis et bien d’autres choses encore. Quand c’est vous le patron, votre perception est différente. Donc c’est bien de prendre part à une activité de groupe ; ça permet aussi une prise de conscience. Ça me donne l’impression d’apprendre de nouveau. Ma mère était française, donc j’ai toujours adoré cuisiner depuis tout petit.

La section éphémère de Tom Dixon est désormais ouverte au 4e étage du magasin Liberty London.